Maintenir l'équilibre
Lors d’une récente journée coorganisée par le RSNB et consacrée aux jeunes proches ayant dû, par la force des choses, prendre soin de leurs parents, le public a pu assister à une étonnante prestation des élèves de l’école de cirque d’Yverdon. Contrairement aux apparences, il y avait bel et bien un rapport entre la lourdeur des situations évoquées et les ébats aériens d’acrobates en herbe : jeunes ou moins jeunes, aidants ou aidés, les malades et leurs proches se retrouvent plus souvent qu’à leur tour dans la situation de funambules qui, pour éviter la chute, doivent à tout prix maintenir un fragile équilibre.
Maintenir l’équilibre interinstitutionnel, c’est aussi un des rôles du Réseau. Oh ! rien de bien spectaculaire dans ce funambulisme-là. Comme on pouvait l’observer, mieux probablement chez les élèves yverdonnois que chez les acrobates aguerris de nos cirques, un tel maintien passe par une infinité de petits mouvements correctifs qui, s’enchaînant à grande vitesse et se compensant les uns les autres, transforment une chute annoncée en un ballet aérien.
Dégager des perspectives claires
Dans le cas du réseau, ce ballet dure depuis bientôt vingt ans : on comprend bien que c’est à la multitude des actes de régulation mis en œuvre au quotidien qu’il doit sa longévité et que, sans le soutien permanent de ses bras et ses jambes, autrement dit de ses membres, et de ses organes vitaux – c’est ainsi qu’on pourrait désigner les dispositifs dont il a la responsabilité – la chute aurait été immédiate. Il est bon de se souvenir de cela en ces temps où une crise chasse l’autre et où la tentation du repli peut guetter des institutions mises sous pression.
Mais la métaphore ne s’arrête pas là : tout comme aucun funambule ne tiendrait sur sa corde s’il gardait son regard fixé sur le bout de ses pieds, le réseau doit, pour se maintenir, être capable de voir loin. Pourtant, envisager le long terme est devenu particulièrement ardu en 2021 alors qu’à la crise sanitaire succédait la période électorale. Après plus de deux ans de turbulences diverses, il va falloir rapidement dégager, en matière de santé publique, des perspectives claires pour la fin de la décennie.
« La tendance la plus profonde de toute activité humaine est la marche vers l’équilibre »
Jean Piaget